Dimanche dernier : cross départemental d'Ille et Vilaine. Je finis les 9 kms ultra boueux en 39'. Je finis à 1' de mon copain Pierrot, je sais que je suis en forme. Mon entraineur Charlie m'assure que je peux faire le même temps sur un 10 kms sur route. Je n'ose pas y croire.
La saison de cross et la préparation associée m'ont fait passer un pallier. J'ai gagné en vitesse.
Jeudi : Je fais un test par paliers de FC (dit test Delerue) : il confirme mes progrès, je suis beaucoup plus rapide, j'ai gagné presque 25''/km.
Vendredi : Bonne surprise : un collègue me propose de me remplacer comme meneur d'allure aux 10 kms de St Grégoire. Ma boîte sponsorise la course et la corpo fournit les meneurs d'allures pour la 3ème année. Youpi, je vais pouvoir tenter d'établir un bon chrono sur 10 kms ! Mon record date de 2 ans : 41'32''.
Le soir, je fais un dernier footing. Pendant que je cours, je gamberge un peu : je vais battre mon record, j'en suis sûr. Je vais aussi passer sous les 40', là, j'en suis moins sûr. Même plus sûr du tout en y réfléchissant un peu.
Je suis plus fort, j'ai bien bossé cet hiver, j'ai confiance. Mais où est la limite entre confiance et arrogance ? S'il faut bien une qualité en course à pied, c'est l'humilité. Sinon la course et le chronomètre viennent vite vous rappeler à l'ordre.
Dimanche : c'est le grand jour. Toute la famille se lève tôt. Ma femme est meneuse d'allure à 10h pour le 7km féminin.
Nous laissons les enfants à une collègue dont le mari vient courir avec nous.
Sur place, je retrouve plein de monde : des copains, des connaissances, des collègues.
Un peu de stress : je m'assure que chacune de "mes" meneuses d'allure a bien son harnais et son ballon. J'encourage les collègues que j'ai poussée à s'inscrire. Tout le monde est prêt. Le départ est donné.
Je cours un peu dans tous les sens : Les meneuses sont-elles dans la bonne allure ? Mes collègues néophytes tiennent-elles le coup. Tout à l'air de bien aller même si tout n'est pas parfait : Le ballon d'Audrey ne tiens pas droit, Armelle peine à tenir l'allure et Amélie souffre en queue de peloton. J'encourage, je réconforte, je remotive !
Mais je dois penser à ma course. Plus que 10mn avant le départ. Mes meneuses ont terminé, je laisse Amélie finir.
Je me place en bonne position, devant. Dominique Chauvelier, ballon des 40' est 5 mètres devant moi.
Départ. Il faut croire que je ne suis pas si bien placé : 12'' pour passer la ligne et je dois jouer des coudes (une pensée pour mon copain Tanguy) pour prendre le bon rythme.
Chauchau ne va pas assez vite à mon goût : je le rattrape avant de le dépasser dans les premiers hectomètres.
Premier km : 3'53'' : c'est bon, je suis sous les 4'/km et je suis encore à l'aise. Je continue à ce rythme en surveillant mon cardio pour ne pas me griller.
Après 2 kms, j'ai atteint la bonne FC, je gagne quelques secondes à chaque kilomètres sur la barre mythique des 40'.
Arrivé sur les bords du canal, le rendement n'est pas très bon, je m'applique à conserver le "griffé" que j'ai travaillé pour le cross. 4'11'', aïe, pas terrible. Relance, Km suivant en 3'53'' malgré la montée. Mais j'ai peut-être été un peu gourmand. On n'est qu'à la mi-course. 19'40'' au 5ème, j'ai 20'' d'avance, c'est bon.
On passe devant la ligne d'arrivée. Je reçois de nombreux encouragements. Du coup, le temps passe vite. Déjà 6kms et c'est la redescente vers le canal. 7 kms, j'ai encore gagné du temps. Plus que 3 kms.
Je limite la casse le long du canal (4'02'') et le début de la montée passe bien (4'05'') même si je commence à sérieusement piocher. Je pense à ma foulée, à garder le geste juste malgré la fatigue.
Dernier km, c'est dur, mais dans moins de 4', je serai arrivé avec un record au bout. Je connais cette souffrance et je sais que je vais tenir : dernière bosse, c'est plat maintenant. Je relance. 400m, 200m c'est fini :
39'28'' ! Je sers les poings, ça y est ! Plus de 2mn de gagné sur mon record ! Pierrot, mon
m'attend derrière la ligne ! Je lui tape dans la main, je partage mon bonheur avec mon copain, c'est le pied ! Je suis sûr un petit nuage.
J'arrive au Gymnase d'arrivée, il n'y a pas foule. Pierrot me dit : " tu vois, sous les 40', on est tranquille, pas de foule". Je cherche des têtes connues. Il faut que je partage mon bonheur.
Je ne peux malheureusement pas trainer, j'ai promis d'aller chercher rapidement mes enfants. Je prends tout de même le temps de prendre des nouvelles de mes collègues. Tout le monde à l'air content, même Amélie et Armelle. J'avais peur qu'elles m'en veuillent.
Sur le chemin du retour, je peux appeler Charlie, mon entraineur pour le remercier. Ce chrono, il est pour moi mais aussi pour lui. J'ai un grand plaisir et une grande fierté à lui apporter un beau résultat.
Maintenant, je vois pourvoir me consacrer à la préparation du marathon de Paris. Avec cette vitesse de base, j'espère qu'un autre record va tomber en avril !