Bonjour,
Je viens régulièrement sur ce forum et j'y ai appris plein de choses. Merci à Christian et à tous ceux qui investissent une partie de leur temps pour le faire vivre ! Si je n'ai jamais cherché à bénéficier directement des conseils de l'un ou l'autre des entraîneurs c'est parce que je ne suis pas sûr d'être capable de l'organisation nécessaire à un travail correct du couple entraîneur-coureur, et aussi parce que ça me plaît plus d'essayer de comprendre et appliquer à moi-même les principes de l'entraînement (même si parfois je dois payer les erreurs !).
J'ai été, après avoir essayé, convaincu de l'intérêt de s'entraîner en fonction de la vma et à la fc, et en balayant les différentes allures. J'ai suivi le développement du test des paliers proposé par Christian, qui finalement permet en un seul test de fournir de nombreuses informations permettant de gérer un entraînement (évaluation de la vma, allures de course, en particulier 10 km, allure en endurance, fc correspondantes etc.). J'ai lu il y a quelques jours le mémoire de Christian, et j'aimerai partager un certain nombre de réflexions que cette lecture plus l'analyse des données que Christian avaient mises en ligne il y a un bout de temps m'ont inspirés.
Lorsqu'on met en relation la vitesse au dernier palier et la vma des coureurs, on obtient une relation linéaire. C'est généralement le cas lorsqu'on met en relation des vitesses de course (vitesse 10 km et semi par exemple). Dans son mémoire, Christian ajuste une relation en forçant l'ordonnée à l'origine à 0, ce qui permet d'avoir un seul coefficient (le rapport v10k/vma), supposé proche de 0.93 (valeur parfois donnée comme le rapport optimal v10k/vma).
C'est un peu dommage de ne pas regarder plus ce que nous disent les données car c'est relativement intéressant:
Si l'on ne force pas l'ordonnée à l'origine à 0, cela a deux conséquences :
1) la relation est meilleure, d'où des estimations plus précises de la vma à partir de la vitesse au dernier palier;
2) le rapport v10k (dernier palier)/vma n'est plus constant. Il augmente avec la vma pour tendre vers une valeur limite proche de 0.93 (voir figure).
On retrouve donc directement la valeur limite de 0.93 (sans un coefficient correcteur), et on retrouve le fait que pour des vma plus faibles, ce coefficient diminue. Ce qui est assez logique et en concordance avec les résultats obtenus par Léger et al. En effet, ce coefficient correspond à un % de vma tenu, et ce % doit être plus ou moins constant pour une durée de course constante, pas pour une distance constante. La valeur de 0.93 est valable pour des coureurs qui font un 10 km disons autour de 30'. Quelqu'un qui fait 45-50' ne pourra certainement pas tenir 93% de sa vma sur une telle durée. Si on regarde comment évolue le coefficient v10k (dernier palier)/vma, on constate qu'on retrouve plus ou moins (plutôt plus) les valeurs obtenus par léger et al.
Cela indique (ou plutôt confirme) que la vitesse au dernier palier est sans doute un très bon estimateur de la valeur au 10 km (pas d'une valeur théorique en prenant un coefficient de 0.93, ce qui a peu de sens pour des coureurs de faible vma). Comme ces valeurs sont plutôt plus haute que les %vma de Léger et al, cela correspond plutôt à une valeur potentielle, avec un entraînement adapté, qu'à la valeur "du jour". C'est conforme à l'utilisation que faisait Christian du dernier palier, mais c'est plus cohérent avec le fait que le potentiel au 10 km ne peut s'exprimer par une seule valeur de v10k/vma quelque soit la vma.
Voilà, je voulais juste partager cette analyse qui me semble un peu plus riche que celle proposée pour l'instant et qui finalement conforte un peu plus l'intérêt du test des paliers et du protocole associé.
Ce serait intéressant de voir pourquoi la vitesse au dernier palier est un bon indicateur de la vitesse potentielle au 10 km. Une piste serait de regarder la durée du test. Le fait que le dernier palier soit un bon prédicteur de la vitesse 10 km et le fait que selon la vma un 10 km dure plus ou moins longtemps inciterait à penser que le test palier lui même reflète cela, avec une durée moyenne plus courte pour les coureurs à vma élevée.
Sinon, une question pour Christian : tu discutes souvent de la vitesse au dernier palier et du rapport avec l'allure potentielle au 10 km, mais est-ce que tu as des correspondances approximatives pour évaluer d'autres vitesses (et fc) type semi ou marathon ?
Joël